L'huile d'olive peut-elle sauver l'Espagne, la Grèce et l'Italie ?
L'huile d'olive va-t-elle sauver l'Europe du Sud ? La formule est sans doute exagérée, mais une agriculture ambitieuse tournée vers l'export ne pourrait pas faire de mal à des économies soumises à un régime d'austérité et où les relais de croissance se font rares. Alors que la Grèce s'est tournée avec succès vers la pistache AOC, elle peut également continuer de chérir ses oliviers."La demande d'huile d'olive dans les marchés émergents a augmenté à un rythme de 13 % depuis 2007", écrivent des analystes de Rabobank, banque néerlandaise spécialisée dans le négoce des matières premières, dans un rapport publié vendredi 12 avril. Ils s'attendent à ce qu'un tel rythme, "à deux chiffres", se confirme dans les cinq prochaines années, "au moins". Les pays du bassin méditerranéen seront les premiers à bénéficier de
l'appétence des Chinois, des Brésiliens et des Russes pour ce fruit
oléagineux. Sur le podium des gagnants, trois pays de l'Union européenne (UE) en difficulté économique : l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Une production presque monopolistique puisque, selon le dernier rapport mensuel de l'International Oil Council, 75 % de la production mondiale d'olive provient de l'UE. L'Espagne, championne du monde de l'olive, produit plus de la moitié
de l'huile mondiale. Pour la troisième année consécutive, la récolte
2011-2012 devrait être abondante, avec un record historique de 1,6
million de tonnes, alors que l'Italie prévoit quelque 400 000 tonnes et
la Grèce 300 000 tonnes. Au total, la production européenne devrait
connaître une hausse de 9 % avec 2,4 millions de tonnes. En face, une
hausse de la consommation devrait être observée sur l'année passée, atteignant un record historique avec 3,1 millions de tonnes. Certes, Portugais, Italiens, Français et Britanniques consomment une
large part de la production en provenance d'Andalousie mais il faut
aussi compter avec les Etats-Unis et les économies dites "émergentes". La Chine, notamment, importe son huile à 91 % de l'UE. Et son appétit va grandissant. En 2012, les Chinois ont importé 45 000 tonnes d'huile d'olive, les Brésiliens 71 000, soit des hausses de respectivement 38 % et 9 %.
UN SECTEUR OLÉICOLE FRAGILE Mais l'olivier est un arbrisseau fragile, tout comme l'industrie
européenne oléicole. Le secteur souffre d'une baisse de rentabilité,
notamment à cause du faible niveau des prix, résultat d'une offre
excédentaire, ainsi que d'un fort déséquilibre au sein de la filière,
qui réfléchit à une nouvelle classification des huiles, certains
mélanges de pulpe, de peau et de fragments de noyaux d'olives broyées
étant commercialisés sous la même étiquette que le précieux liquide. La Commission européenne souhaite aussi encourager
la restructuration du secteur, par le biais d'aides aux investissements
collectifs. Le plan d'action de Bruxelles entend également aborder les problèmes de contrefaçon et de concurrence avec les pays tiers, en particulier la Turquie, la Tunisie et le Maroc... Il faudra également que l'envie "émergente" se confirme et se
conjugue à la fois à une meilleure météo (les plantations, déjà
affaiblies par trois récoltes record, ont pâti du manque de
précipitations cet hiver et de gels rigoureux en février) et à une
confirmation du rebond des prix pour faire vivre les trois cents villages et les 200 000 employés andalous du secteur. .lemonde.fr 12/4/13
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